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Aux amateurs de conte

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Soirée de contes au GOLSHANE :

Le samedi 11 décembre à 20 h


Contes nouveaux et traditionnels,
D'ici et d'ailleurs, à écouter ou conter...

Thème ouvert et entrée libre (adhésion 2€)

Lyon, le 4 décembre 2010 - Haïku


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        neiges et frimas -
           la ville ensorcelée
              s'endort sous leurs draps
                                              © Michèle Rodet

                                                     

Lyon, le 27 novembre 2010 – Apparaître, entre ombre et lumière


© Michèle Rodet  -  La Porte (2007)
Rubans cousus sur toile floquée gris-rose

Cette semaine, en dépit des frimas et de la grisaille, le soleil a trouvé moyen de s’infiltrer dans mon atelier. Il a déposé l’un de ses rayons sur ma "Porte" qu’il a illuminée.
"La Porte" est le titre de l'une des tentures murales que j’ai créée. En ce moment, elle habille l’un de mes murs. Elle mesure (hors fond) 1,60 mètre de haut et 2,10 mètre de large.
Un bonheur ne venant jamais seul, le soleil a frappé ma "Porte" à l’effigie d’une feuille : elle s’est posée là, au milieu, ombre légère comme un papillon, quelques minutes…, le temps que je réalise ce qui se passe. Car, lorsque le soleil s’est invité, je travaillais à une autre oeuvre et pensais à tout autre chose. L’or des rubans a réfracté la lumière de son rayon et sa réflexion est venue troubler mon regard de sorte que, revenant à l’ici et maintenant de mon atelier, je me suis apperçue de sa présence…

© Michèle Rodet - La Porte - Détail
(Photo prise le 24 novembre 2010 après-midi)
Kai egeneto… en levant les yeux, j’ai vu ma "Porte" transfigurée. Comme si elle avait été ouverte par quelque main mystérieuse, elle donnait réellement lieu à lumière - et à ombre de feuillaison - un jour obscur de novembre alors que les arbres étaient déjà endeuillés pour la morte saison.
Frappe éphémère mais qui a scellé à perfection l’intention profonde ayant présidé à sa création, intention que j’avais manifestée par le truchement de rubans dorés  rayonnant depuis la porte.
Le soleil, bon peintre, a mis en lumière cet invisible. Il a accompli ce que je ne pouvais réaliser.
Oui ! Lorsque le réel touche la réalité du bout de l’un de ses rayons, la porte donne à voir ! Cet après-midi de novembre, sur son seuil, entre ombre et lumière, sont apparues des promesses de printemps et de renouveau…

Lyon, le 14 novembre 2010 - Mettre en lumière pour faire apparaître

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Je suis allée visiter l’exposition de peinture UN SIÈCLE DE PAYSAGE – LE CHOIX D’UN AMATEUR qui présentait 70 œuvres d'une collection privée, retraçant une histoire du paysage en peinture au XIX° siècle. Au début de cette période, le peintre regardait encore la nature comme un gisement de formes dans lequel il puisait pour dresser le décor de scènes historiques, bibliques ou mythologiques, de sorte de créer des paysages idéaux. Alors relégués à la fonction de cadre, ces paysages composites relevaient de faire-valoir plus ou moins développés.

Georges MICHEL
Campagne sous un ciel gris avant l'orage
Huile sur papier marouflé sur toile
La collection présentait des toiles de peintres dont le regard sur la nature s’est peu à peu modifié. Les artistes, en sortant de plus en plus souvent de l’atelier pour saisir la nature sur le vif – ses plans, ses atmosphères, ses éléments, sa lumière… - se sont mis à peindre « sur le motif ». 
A leur travail sur les événements atmosphériques ou naturels correspondent une touche et une palette plus libre – déjà annonciatrice de l’impressionnisme – et un re-centrage sur des thèmes qui deviennent au fur et à mesure en eux-mêmes le sujet du tableau.
Perdant peu à peu sa fonction de cadre, la nature devient le sujet propre du tableau. Et la signification jusque-là dévolue à des personnages ou à des symboles est assignée au paysage lui-même. Un autre langage apparaît.

François GIROUX (vers 1826-1829)
L'Arbre foudroyé
Huile sur toile

Un langage entre deux. Car si c’est bien la nature qui est peinte, c’est de façon que le regard du visiteur soit porté sur un événement ou un élément littéralement « mis en lumière » par le peintre : une ombre inquiétante provenant du ciel, le moignon d’une branche arrachée par la foudre sur un tronc amputé, la blessure infligée à l'écorce terrestre pour tracer un chemin. L’on ne passe plus alors par l’histoire pour penser et représenter ce qui, de l’humain ou de ses sociétés, est indicible, mais directement par un événement naturel. Plus de narration donc, mais des figures, des figures de nature pure.

Le peintre comme le poète met alors en correspondance deux « terrains », deux « champs » de représentation qu’il déplace de sorte de les situer en rapport. La puissance d’évocation - dégagée des articulations et des liens narratifs - est en quelque sorte projetée dans le regard du visiteur si bien que c’est en lui que le jeu des interprétations se déploie. Avec les scènes historiques et mythologiques, la conjugaison interprétative entre histoire et géographie sort du tableau. Le paysage, bien que toujours composé, occupe désormais toute la place.

Jean ACHARD (vers 1844) - Paysage dauphinois
Huile sur toile
Alors le peintre, de nouveau démiurge, compose une forme naturelle autre, qui est existante dans le visible pour tout le monde, mais dont le visiteur ignorait qu’elle le concernât en propre.

L'exposition UN SIÈCLE DE PAYSAGE - LE CHOIX D'UN AMATEUR s'est déroulée au Musée des Beaux-Arts de Lyon (France) de juin à octobre 2010.

Aux amateurs de conte

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Avis aux amateurs de contes, nouveaux et traditionnels :

Il était une fois… quelques amis qui se réunissaient au GOLSHANE pour se conter des histoires à la lueur des chandelles. Or un soir, des promeneurs surpris par la nuit entrèrent et bientôt les rejoignirent, mêlant des histoires de leur cru aux leurs, si bien que peu à peu , sous l'effet de la chaleur, les vitres se couvrirent de buée.
L’on jura alors de se retrouver une fois par mois…
C'est ainsi que les veillées de contes naquirent, grandirent et se développèrent.
Venez et entrez... dans la légende !

Prochaine veillée :
samedi 13 novembre - à 20 h
au  GOLSHANE 

Golshane est le mot persan pour dire Jardin de roses

Lyon, le 23 octobre 2010 - Voie d’eau, voie d’encre

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       Un bateau…
        Un bateau émerge de la brume
        Toutes voiles dehors, évident de plénitude
        Carène gonflée et mâts dressés
        Traçant dans la fermeté du ciel
        Des messages de cristal, incandescents
        Que des oiseaux pressés portent aux dieux…

Des bateaux…
Des bateaux dansent sur la houle
Les cales lourdes de trésors impérissables
Que le temps bride en bouquets de drisses mélodieuses
Caravane de sel et d’épices, de parfums et de soie
Liés pour traverser les déserts, les famines et les tempêtes
Ils taillent dans l’éther d’énergiques sillons d’écume
Que les voyants de demain ensemencent de leurs rêves…

Une flotte…
Toute une flotte est là,
A développer ses voiles bruissantes
Puissantes paraboles tendues gonflées d’ombres
Tissées à l’origine - et je n’en savais rien ! -
A subtiliser les souffles graves et les murmures ténus
Aux ondes des songes
Chaîne d’éternité où se trame l’histoire
Pour aborder aux îles gorgées de fruits, d’amour et de fils…

 
         Et si à mon tour j’empoignais le vif et frêle calame
            Et bravais l’épais silence du grand large
                                                               Pour rallier la terre de mes aïeux ?
                                                                                       © Michèle Rodet

Lyon, le 8 octobre 2010 – Commencer à apparaître


© Michèle Rodet - Le 5ème élément
(2008) Détail
      Pouvoir donner un visage à ce qui émerge de l’invisible : prêter formes langagières ou figures à sa (sur)face lors de son apparition n’est-il pas d’abord question de saisie, de capacité du corps et de la pensée à approcher, soutenir, accueillir et articuler des réalités qui échappent, a priori, aux sens et à la raison ?

      Il est arrivé ou il arrivera à chacun d'entre nous de découvrir que des formes inconnues étaient existantes dans l’invisible, dont nous ignorions à peu près tout en ce qui nous concernait, qui apparaissent sous l’aspect d’une révélation furtive - sitôt entrevue, sitôt disparue - ou d’un dévoilement permanent et tenace ; et entre ces deux termes, naturellement, toute une palette de nuances.

     La littérature et les arts ont été pendant des siècles les chantres de cet événement. L’écrivain classique disposait son lecteur à être particulièrement attentif à l’avènement de ce « quelque chose » en introduisant dans le fil de son récit la formule "Kai egeneto" que l’on traduit par : Et il arriva (que)… Cette expression, bien que formelle, était une alerte : elle prévenait le lecteur que même si certaines choses étaient passées sous silence, elles avaient bel et bien eu lieu. Et circulé. Depuis quelle(s) source(s), comment, pourquoi et dans quel but ? Mystère. Mais ce qui est sûr, c’est que cela s’était passé et que c’était arrivé !

© Michèle Rodet - Le 5ème élément (2008)
Détail ruban : ribambelle de cavaliers antiques
      Car lorsque la forme apparaît, il est réellement arrivé quelque chose. Littéralement. Dans nos histoires propres, il n’y a malheureusement pas de narrateur complice et bienveillant pour nous faire signe, de sorte que nous accusions réception de ce supplément avec l’aisance épique des antiques héros. Généralement, être confronté à l’apparition d’une forme inattendue nous prend de court et nous dépasse de manière que nous en sommes nous-mêmes surpris. Au point d’être mis hors de soi, exalté, paniqué ou d’en perdre certaines perceptions sensorielles, etc. Notre corps porte, bien avant notre raison, témoignage de ce qui nous est arrivé.

© Michèle Rodet - Le 5ème élément (2008)
Rubans sur toile de lin tendue sur châssis de bois
       Quelles que soient nos réactions au moment où émerge une forme inconnue sur fond d’invisible, nous sommes sommés par ce surplus. Ce quelque chose nous affecte si bien que nous devenons parfois irritables, selon la formule convenue, et que le trop plein non encaissé se décharge en colère ; laquelle atteste de notre impuissance à changer quoi que ce soit à ce qui est arrivé ainsi que de notre impossibilité à déployer les conséquences qui, forcément, ne manqueront pas de bouleverser tous les petits arrangements avec la vie - et la mort - que nous avions à grand peine inscrits aux registres de nos assurances, contrôles, sécurités, sûretés et autres maîtrises…

      Alors, du milieu de cet entre-deux – seuil ouvert aux quatre vents – apparaît l’inconnu résidant aux fondements de l’écriture poétique et de la création artistique. Inconnu élevant ou orientant nos regards vers le ciel, ainsi que « le serviteur du visible » qu’est Philippe Jaccottet l'évoque dans Paysages avec figures absentes :

     « En fait, de toutes mes incertitudes, la moindre (la moins éloignées d’un commencement de foi) est celle que m’a donnée l’expérience poétique ; c’est la pensée qu’il y a de l’inconnu, de l’insaisissable, à la source, au foyer même de notre être. Mais je ne puis attribuer à cet inconnu, à cela, aucun des noms dont l’histoire l’a nommé tout à tour. Ne peut-il donc me donner aucune leçon – hors de la poésie où il parle -, aucune directive, dans la conduite de ma vie ?
     Réfléchissant à cela, j’en arrive à constater que néanmoins, en tout cas, il m’oriente, du moins dans le sens de la hauteur ; puisque je suis tout naturellement conduit à l’entre-voir comme le Plus-Haut, et d’une certaine manière, pourquoi pas ? comme on l’a fait depuis l’origine, à le considérer à l’image du ciel
    Alors il me semble avoir fait un pas malgré tout. »
                                                   (Editions Poésie/Gallimard Poche, 1976, p.179-180)

Aux amateurs de haïkus


AVIS  AUX  AMATEURS  DE  HAÏKUS

Une rencontre est organisée avec des poètes francophones
dans le cadre de La scène poétique à la bibliothèque de la Part-Dieu

        Le mercredi 6 octobre à 18h30

Lyon, le 23 septembre 2010 - Haïkus d'automne

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Dans mon atelier

  Automne, vignes
  D’or âpre où l’haleine
  Prend de la graine
                                          © Michèle Rodet


  La terre fleure
  L’humeur humide du ciel
  Gravide senteur
                                          © Michèle Rodet



Dans mon atelier


La bogue verte,
Cocon, se fend : le marron
Court à sa perte
                                  © Michèle Rodet


Couchant d’automne
Orange douce goûtant
Aux lits d’ouate blancs
                             © Michèle Rodet