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Lyon, le 25 juillet 2010 – Commencer et recommencer, sans cesse…

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Velominibus !
jjancel's images
Les 2, 3, 4 juillet se sont déroulés au Parc de la Tête d’or (à Lyon) les DIALOGUES EN HUMANITE. Au cours de ces trois jours, l’on expose, l'on expérimente, l’on débat et l'on festoie, parfois avec humour, mais toujours avec le souci de faire correspondre l’humanité en question et les questions relative au politique.
C’est un événement ouvert à tous, durant lequel chacun peut écouter les murmures du monde ou prendre la parole. S’y expriment, outre les personnes exerçant des responsabilités politiques, des créateurs, des soignants, des spirituels, des bâtisseurs…, de toutes origines et de tous âges, petits ou élites, dont quelques nobélisés…

 Bablu Ganguly, leur interprète, Mary Vattamattam
Au parc de la Tête d'or, le 5 juillet 2010
Dimanche, je suis allée écouter le récit à deux voix de bâtisseurs - Mary Vattamattam et Bablu Ganguly - venus d’Anantapur (district de l’Andhra Pradesh) au sud de l’Inde.
A l’ombre des grands arbres du parc, ils nous ont raconté comment, jeunes époux, ils ont acquis quelques hectares d’une terre, dévastée par la sécheresse, qu’ils ont entrepris de faire revivre.
Ce qui a déclenché ce désir ? Le souhait de vivre une vie enrichissante main dans la main avec la nature.

Bienvenue à Timbaktu
Photo website de Timbaktu
C’est ainsi qu’a vu le jour « Là où la terre rencontre le ciel », TIMBAKTU (en langue télougou). Au commencement donc ce simple souhait : se rapprocher de la terre et l’aider à se régénérer.

Engrais vert
Photo website de Timbaktu
L’on se mit au travail. Avec la contribution de villageois voisins, des équipements de captation d’eau furent bâtis et le secteur reboisé en employant des méthodes de l’agriculture biologique, de sorte de favoriser des styles de vie alternatifs portant en eux des germes de vie. La forêt grandit et l’on vit revenir les oiseaux, les serpents et les papillons…

Formation à la vente
Photo website de Timbaktu
Le projet s’étendit. Des centaines, puis des milliers de personnes rejoignirent cette cellule de vie et la développèrent. TIMBAKTU COLLECTIVE vit alors le jour. Ce fut un autre commencement, fondé non plus uniquement sur la culture du sol mais aussi sur les cultures des êtres humains venues de tous les horizons : leurs coutumes, leurs religions, leurs modèles sociaux...

Rencontre avec des responsables
des coopératives de micro-crédit
Photo website de Timbaktu
 Bâtir l’autonomisation juridique et financière des foyers, notamment des femmes vivant seules, des orphelins et des personnes handicapées, et plus largement résoudre les problèmes de droit et de gouvernement devint la priorité, si bien que « Là où la terre rencontre le ciel » a changé peu à peu de visage.

Enfants à l'école de Timbaktu
Photo website de Timbaktu
 Aujourd’hui, fort d’une population d’environ 30 000 habitants et d’une équipe de 105 personnes qui travaillent dans une centaine de villages des cantons de Chennekothapalli, Roddam et Ramigiri, le collectif de Timbaktu fait face à un nouveau défi : le manque d’eau potable. Le niveau des nappes phréatiques est devenu si bas que les eaux possèdent un taux de minéralisation, notamment en fluor, impropre à la consommation. Les enfants, dont les dents et les articulations pâtissent, en souffrent déjà.

Réserve de graines à Timbaktu
Photo website Timbaktu
  De sorte que Mary et Bablu ont repris le chemin pour chercher de nouveaux partenaires, en occident cette fois. Leurs requêtes ? Des ressources - compétences (dont des ingénieurs hydrauliciens, des pédagogues, des soignants…), finances et soins – pour solutionner, ou au moins traiter toute la chaîne de problèmes causés par le manque d’eau.

 En nous invitant, nous occidentaux, à contribuer à leur projet, Mary et Bablu préparent un nouveau commencement : puisse-t-il voir le jour, pour leur peuple naturellement, mais aussi de façon que « Là où la terre rencontre le ciel » englobe dans son rayonnement notre vieux monde… Peut-être cette visite sera-t-elle ainsi la chance de nouveaux commencements, permettant à chacunes de nos cultures – orientales et occidentales - de se régénérer et de se féconder réciproquement ?

 En attendant, je relaye leurs voix. Voici leurs coordonnées :
 Site Internet : http://www.timbaktu.org/
 Mail : timbaktu.collective@gmail.com
 Pour les non anglophones, il est possible de « prendre langue » avec Timbaktu par l’intermédiaire d’Anne-Marie LE MOING (agronome), francophone et hispanophone, dont voici le mail : analimon47@gmail.com

Lyon, le 7 juillet 2010 – Commencer à… la flamme d’une chandelle

Georges de la Tour : L'apparition de l'ange à Joseph
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Coïncidence ! Lundi, le 28 juin, en allumant la radio, voici que je suis accueillie par ces mots :
« Jadis, en un jadis par les rêves eux-mêmes oublié,
la flamme d’une chandelle faisait penser les sages :
elle donnait mille songes au philosophe solitaire.
Sur la table du philosophe,
à côté des objets prisonniers dans leur forme,
à côté des livres qui instruisent lentement,
la flamme de la chandelle appelait des pensées sans mesure,
suscitait des images sans limite. »
De la main de Gaston BACHELARD, ils sont tirés d’un opuscule intitulé :
La flamme d’une chandelle ! 

Georges de la Tour :
Saint Joseph charpentier

Gaston BACHELARD, le philosophe poète…

Il ne m’en a pas fallu plus pour aller relire La flamme d’une chandelle et rechercher des images de peintures de Georges de la TOUR.

Rien de flatteur dans cette peinture - ni brillance technique, ni accumulation d’objets ou de motifs décoratifs, ni envolées lyriques ou mélancolies romantiques - seulement de la simplicité.
Georges de la Tour :
La Madeleine à la veilleuse
  
Cette économie de moyens et de couleurs,
assortie de constructions qui confinent au dépouillement,
porte au silence, à la méditation :
de larges plages inoccupées, quelques figures,
de rares objets et, reine,
la lumière chaude et mystérieuse
qui se joue de l'ombre…
Georges de la Tour : L'adoration des bergers


« Pont de feu entre réel et irréel
Co-existence à tout instant
De l’être et du non-être »
Roger ASSELINEAU, Flamme, in Poésies incomplètes


Georges de la Tour : détail
(Madeleine)







« La flamme est un feu humide »
[...] le lecteur des Pensées de JOUBERT se plaît aussi à imaginer.
Il voit cette flamme humide,
ce liquide ardent, couler vers le haut,
vers le ciel,
comme un ruisseau vertical. »
Gaston BACHELARD, La flamme d’une chandelle


Flamme, lumière d’encre  
 Des commencements    
   Aux seuils            
      Fluide              
         Naissance, ô mort… 
                                           © Michèle Rodet