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Lyon, le 22 décembre - Invitation

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L'un des moments important de la vie d'artiste : l'exposition !


C'est l'occasion pour l'artiste de montrer un peu de son oeuvre et de rencontrer les personnes qui, d'une façon ou d'une autre, s'intéressent à son travail.
C'est aussi pour le public la possibilité de rencontrer l'artiste et de lui parler.

Moments d'échanges donc !

A partir du mercredi
12 janvier 2011 à 18 h 30

Auxquels je vous invite...

Avec d'autant plus de plaisir que cette salle - où l'on peut venir également boire du thé, lire, causer entre amis, écouter des concerts, des contes... - est un lieu de rencontres culturelles dédié aux relations entre orients et occidents.

Golshane signifie en persan : jardin de roses.
Située à deux pas des Terreaux, la salle est ouverte du mardi au samedi, de 16h à 24 h.
Golshane est une association culturelle (adhésion annuelle : 2 €) dont le site web est : http://golshane.free.fr/
Coordonnées et renseignements : 126, montée de la Grande côte Lyon 1er - 04 78 28 42 06 -


Lyon, le 16 décembre 2010 - Haïkus

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Lyon, le 8 décembre 2010


Cette nuit, lampions !  
Ribambelles de grelots  
tintinnabulant 
© Michèle Rodet                   

 
Lyon, le 8 décembre 2010







   Lyon, 8 décembre -
   Envoûtée la foule vient 
   voir ses chimères 
                                     © Michèle Rodet 




                                                                                    

Aux amateurs de conte

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Soirée de contes au GOLSHANE :

Le samedi 11 décembre à 20 h


Contes nouveaux et traditionnels,
D'ici et d'ailleurs, à écouter ou conter...

Thème ouvert et entrée libre (adhésion 2€)

Lyon, le 4 décembre 2010 - Haïku


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        neiges et frimas -
           la ville ensorcelée
              s'endort sous leurs draps
                                              © Michèle Rodet

                                                     

Lyon, le 27 novembre 2010 – Apparaître, entre ombre et lumière


© Michèle Rodet  -  La Porte (2007)
Rubans cousus sur toile floquée gris-rose

Cette semaine, en dépit des frimas et de la grisaille, le soleil a trouvé moyen de s’infiltrer dans mon atelier. Il a déposé l’un de ses rayons sur ma "Porte" qu’il a illuminée.
"La Porte" est le titre de l'une des tentures murales que j’ai créée. En ce moment, elle habille l’un de mes murs. Elle mesure (hors fond) 1,60 mètre de haut et 2,10 mètre de large.
Un bonheur ne venant jamais seul, le soleil a frappé ma "Porte" à l’effigie d’une feuille : elle s’est posée là, au milieu, ombre légère comme un papillon, quelques minutes…, le temps que je réalise ce qui se passe. Car, lorsque le soleil s’est invité, je travaillais à une autre oeuvre et pensais à tout autre chose. L’or des rubans a réfracté la lumière de son rayon et sa réflexion est venue troubler mon regard de sorte que, revenant à l’ici et maintenant de mon atelier, je me suis apperçue de sa présence…

© Michèle Rodet - La Porte - Détail
(Photo prise le 24 novembre 2010 après-midi)
Kai egeneto… en levant les yeux, j’ai vu ma "Porte" transfigurée. Comme si elle avait été ouverte par quelque main mystérieuse, elle donnait réellement lieu à lumière - et à ombre de feuillaison - un jour obscur de novembre alors que les arbres étaient déjà endeuillés pour la morte saison.
Frappe éphémère mais qui a scellé à perfection l’intention profonde ayant présidé à sa création, intention que j’avais manifestée par le truchement de rubans dorés  rayonnant depuis la porte.
Le soleil, bon peintre, a mis en lumière cet invisible. Il a accompli ce que je ne pouvais réaliser.
Oui ! Lorsque le réel touche la réalité du bout de l’un de ses rayons, la porte donne à voir ! Cet après-midi de novembre, sur son seuil, entre ombre et lumière, sont apparues des promesses de printemps et de renouveau…

Lyon, le 14 novembre 2010 - Mettre en lumière pour faire apparaître

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Je suis allée visiter l’exposition de peinture UN SIÈCLE DE PAYSAGE – LE CHOIX D’UN AMATEUR qui présentait 70 œuvres d'une collection privée, retraçant une histoire du paysage en peinture au XIX° siècle. Au début de cette période, le peintre regardait encore la nature comme un gisement de formes dans lequel il puisait pour dresser le décor de scènes historiques, bibliques ou mythologiques, de sorte de créer des paysages idéaux. Alors relégués à la fonction de cadre, ces paysages composites relevaient de faire-valoir plus ou moins développés.

Georges MICHEL
Campagne sous un ciel gris avant l'orage
Huile sur papier marouflé sur toile
La collection présentait des toiles de peintres dont le regard sur la nature s’est peu à peu modifié. Les artistes, en sortant de plus en plus souvent de l’atelier pour saisir la nature sur le vif – ses plans, ses atmosphères, ses éléments, sa lumière… - se sont mis à peindre « sur le motif ». 
A leur travail sur les événements atmosphériques ou naturels correspondent une touche et une palette plus libre – déjà annonciatrice de l’impressionnisme – et un re-centrage sur des thèmes qui deviennent au fur et à mesure en eux-mêmes le sujet du tableau.
Perdant peu à peu sa fonction de cadre, la nature devient le sujet propre du tableau. Et la signification jusque-là dévolue à des personnages ou à des symboles est assignée au paysage lui-même. Un autre langage apparaît.

François GIROUX (vers 1826-1829)
L'Arbre foudroyé
Huile sur toile

Un langage entre deux. Car si c’est bien la nature qui est peinte, c’est de façon que le regard du visiteur soit porté sur un événement ou un élément littéralement « mis en lumière » par le peintre : une ombre inquiétante provenant du ciel, le moignon d’une branche arrachée par la foudre sur un tronc amputé, la blessure infligée à l'écorce terrestre pour tracer un chemin. L’on ne passe plus alors par l’histoire pour penser et représenter ce qui, de l’humain ou de ses sociétés, est indicible, mais directement par un événement naturel. Plus de narration donc, mais des figures, des figures de nature pure.

Le peintre comme le poète met alors en correspondance deux « terrains », deux « champs » de représentation qu’il déplace de sorte de les situer en rapport. La puissance d’évocation - dégagée des articulations et des liens narratifs - est en quelque sorte projetée dans le regard du visiteur si bien que c’est en lui que le jeu des interprétations se déploie. Avec les scènes historiques et mythologiques, la conjugaison interprétative entre histoire et géographie sort du tableau. Le paysage, bien que toujours composé, occupe désormais toute la place.

Jean ACHARD (vers 1844) - Paysage dauphinois
Huile sur toile
Alors le peintre, de nouveau démiurge, compose une forme naturelle autre, qui est existante dans le visible pour tout le monde, mais dont le visiteur ignorait qu’elle le concernât en propre.

L'exposition UN SIÈCLE DE PAYSAGE - LE CHOIX D'UN AMATEUR s'est déroulée au Musée des Beaux-Arts de Lyon (France) de juin à octobre 2010.

Aux amateurs de conte

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Avis aux amateurs de contes, nouveaux et traditionnels :

Il était une fois… quelques amis qui se réunissaient au GOLSHANE pour se conter des histoires à la lueur des chandelles. Or un soir, des promeneurs surpris par la nuit entrèrent et bientôt les rejoignirent, mêlant des histoires de leur cru aux leurs, si bien que peu à peu , sous l'effet de la chaleur, les vitres se couvrirent de buée.
L’on jura alors de se retrouver une fois par mois…
C'est ainsi que les veillées de contes naquirent, grandirent et se développèrent.
Venez et entrez... dans la légende !

Prochaine veillée :
samedi 13 novembre - à 20 h
au  GOLSHANE 

Golshane est le mot persan pour dire Jardin de roses

Lyon, le 23 octobre 2010 - Voie d’eau, voie d’encre

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       Un bateau…
        Un bateau émerge de la brume
        Toutes voiles dehors, évident de plénitude
        Carène gonflée et mâts dressés
        Traçant dans la fermeté du ciel
        Des messages de cristal, incandescents
        Que des oiseaux pressés portent aux dieux…

Des bateaux…
Des bateaux dansent sur la houle
Les cales lourdes de trésors impérissables
Que le temps bride en bouquets de drisses mélodieuses
Caravane de sel et d’épices, de parfums et de soie
Liés pour traverser les déserts, les famines et les tempêtes
Ils taillent dans l’éther d’énergiques sillons d’écume
Que les voyants de demain ensemencent de leurs rêves…

Une flotte…
Toute une flotte est là,
A développer ses voiles bruissantes
Puissantes paraboles tendues gonflées d’ombres
Tissées à l’origine - et je n’en savais rien ! -
A subtiliser les souffles graves et les murmures ténus
Aux ondes des songes
Chaîne d’éternité où se trame l’histoire
Pour aborder aux îles gorgées de fruits, d’amour et de fils…

 
         Et si à mon tour j’empoignais le vif et frêle calame
            Et bravais l’épais silence du grand large
                                                               Pour rallier la terre de mes aïeux ?
                                                                                       © Michèle Rodet

Lyon, le 8 octobre 2010 – Commencer à apparaître


© Michèle Rodet - Le 5ème élément
(2008) Détail
      Pouvoir donner un visage à ce qui émerge de l’invisible : prêter formes langagières ou figures à sa (sur)face lors de son apparition n’est-il pas d’abord question de saisie, de capacité du corps et de la pensée à approcher, soutenir, accueillir et articuler des réalités qui échappent, a priori, aux sens et à la raison ?

      Il est arrivé ou il arrivera à chacun d'entre nous de découvrir que des formes inconnues étaient existantes dans l’invisible, dont nous ignorions à peu près tout en ce qui nous concernait, qui apparaissent sous l’aspect d’une révélation furtive - sitôt entrevue, sitôt disparue - ou d’un dévoilement permanent et tenace ; et entre ces deux termes, naturellement, toute une palette de nuances.

     La littérature et les arts ont été pendant des siècles les chantres de cet événement. L’écrivain classique disposait son lecteur à être particulièrement attentif à l’avènement de ce « quelque chose » en introduisant dans le fil de son récit la formule "Kai egeneto" que l’on traduit par : Et il arriva (que)… Cette expression, bien que formelle, était une alerte : elle prévenait le lecteur que même si certaines choses étaient passées sous silence, elles avaient bel et bien eu lieu. Et circulé. Depuis quelle(s) source(s), comment, pourquoi et dans quel but ? Mystère. Mais ce qui est sûr, c’est que cela s’était passé et que c’était arrivé !

© Michèle Rodet - Le 5ème élément (2008)
Détail ruban : ribambelle de cavaliers antiques
      Car lorsque la forme apparaît, il est réellement arrivé quelque chose. Littéralement. Dans nos histoires propres, il n’y a malheureusement pas de narrateur complice et bienveillant pour nous faire signe, de sorte que nous accusions réception de ce supplément avec l’aisance épique des antiques héros. Généralement, être confronté à l’apparition d’une forme inattendue nous prend de court et nous dépasse de manière que nous en sommes nous-mêmes surpris. Au point d’être mis hors de soi, exalté, paniqué ou d’en perdre certaines perceptions sensorielles, etc. Notre corps porte, bien avant notre raison, témoignage de ce qui nous est arrivé.

© Michèle Rodet - Le 5ème élément (2008)
Rubans sur toile de lin tendue sur châssis de bois
       Quelles que soient nos réactions au moment où émerge une forme inconnue sur fond d’invisible, nous sommes sommés par ce surplus. Ce quelque chose nous affecte si bien que nous devenons parfois irritables, selon la formule convenue, et que le trop plein non encaissé se décharge en colère ; laquelle atteste de notre impuissance à changer quoi que ce soit à ce qui est arrivé ainsi que de notre impossibilité à déployer les conséquences qui, forcément, ne manqueront pas de bouleverser tous les petits arrangements avec la vie - et la mort - que nous avions à grand peine inscrits aux registres de nos assurances, contrôles, sécurités, sûretés et autres maîtrises…

      Alors, du milieu de cet entre-deux – seuil ouvert aux quatre vents – apparaît l’inconnu résidant aux fondements de l’écriture poétique et de la création artistique. Inconnu élevant ou orientant nos regards vers le ciel, ainsi que « le serviteur du visible » qu’est Philippe Jaccottet l'évoque dans Paysages avec figures absentes :

     « En fait, de toutes mes incertitudes, la moindre (la moins éloignées d’un commencement de foi) est celle que m’a donnée l’expérience poétique ; c’est la pensée qu’il y a de l’inconnu, de l’insaisissable, à la source, au foyer même de notre être. Mais je ne puis attribuer à cet inconnu, à cela, aucun des noms dont l’histoire l’a nommé tout à tour. Ne peut-il donc me donner aucune leçon – hors de la poésie où il parle -, aucune directive, dans la conduite de ma vie ?
     Réfléchissant à cela, j’en arrive à constater que néanmoins, en tout cas, il m’oriente, du moins dans le sens de la hauteur ; puisque je suis tout naturellement conduit à l’entre-voir comme le Plus-Haut, et d’une certaine manière, pourquoi pas ? comme on l’a fait depuis l’origine, à le considérer à l’image du ciel
    Alors il me semble avoir fait un pas malgré tout. »
                                                   (Editions Poésie/Gallimard Poche, 1976, p.179-180)

Aux amateurs de haïkus


AVIS  AUX  AMATEURS  DE  HAÏKUS

Une rencontre est organisée avec des poètes francophones
dans le cadre de La scène poétique à la bibliothèque de la Part-Dieu

        Le mercredi 6 octobre à 18h30

Lyon, le 23 septembre 2010 - Haïkus d'automne

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Dans mon atelier

  Automne, vignes
  D’or âpre où l’haleine
  Prend de la graine
                                          © Michèle Rodet


  La terre fleure
  L’humeur humide du ciel
  Gravide senteur
                                          © Michèle Rodet



Dans mon atelier


La bogue verte,
Cocon, se fend : le marron
Court à sa perte
                                  © Michèle Rodet


Couchant d’automne
Orange douce goûtant
Aux lits d’ouate blancs
                             © Michèle Rodet

Lyon, le 26 août 2010 – Ombres et lumière

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Fac-simile d'un tableau de G. de la Tour : Éducation de la Vierge
Ce tableau est une copie d’une peinture de Georges de la Tour. L'original en a été perdu mais on en connaît l’existence grâce à quelques fac-simile dont celui-ci. Son titre ? Éducation de la vierge. Bien que je l’eusse d'abord écartée de ma sélection - lors de l’article intitulé  Commencer... à la flamme d’une chandelle -, j’y reviens. Parce que le sujet évoqué m’intéresse, mais aussi à cause de remarques que l'on m'a livrées et qui m’ont donné à songer : « Mieux vaut allumer une bougie que maudire les ténèbres ! ». Et : « On n’a pas besoin de gens brillants, on a besoin de gens qui nous éclairent ! » De sorte que je me suis interrogée à nouveaux frais sur les rapports, multiples et complexes, qu’entretiennent l’ombre et la lumière.
© Photo Thierry DEMANGE
Lever de lune

Alors que je contemplais le lever de la pleine lune, mardi dernier, en compagnie d’amis, il m’est apparu combien l’obscurité mettait la lumière en relief. Et comme il était agréable de se fondre dans la pénombre et bon d’y trouver asile. Nous passions la soirée sur les rives d’un lac, dont les eaux étaient d’un calme si parfait que sa surface ressemblait d’avantage à un voile couleur de ciel qu’à une masse d’eau profonde, mouvante et diffractant les lueurs venant des astres. Cette face plane et sereine dupliquant la lune – réfléchissant elle-même la lumière du soleil - dans son écrin de nuit, m’a ramenée à cette toile.

Fac simile de G. de la Tour - Détail
Éducation de la Vierge
J’avais écarté ce tableau parce qu’il est, de mon point de vue, une mauvaise copie : en effet, la grossièreté des traits du visage de la fillette et l’excès de lumière qui le frappe trahit l’esprit à l'oeuvre dans la peinture de Georges de la Tour.
Il en est pour cette toile comme si une pierre avait été jetée dans le lac de façon que les ondes qu’elle cause troublent, en jetant leur ombre, la pureté de l’original.
Fac simile de G. de la Tour - Détail
Éducation de la Vierge
Une copie non conforme possède ceci d’intéressant qu’elle met en valeur l’écart entre la main et l’esprit d’un artiste et ce qui fait défaut au regard du copiste. Quelque chose d’essentiel n’a pas été saisi dans ce fac-simile, qui a conduit à ce que le visage de l’enfant offre le même aspect que les feuillets du livre présenté, comme si sa peau avait la texture d’un parchemin ou d’un vélin. Une peau certes vierge de toutes lettres, de toutes marques - point de cicatrices ni de rides sur ce visage lisse – a été peinte par le copiste, mais une peau morte.
Georges de la Tour - Détail
Nativité 

Alors que de Georges de la Tour, je m’attendais au contraire et à l’opposé : que le visage de l’enfant reçoive les traits délicats et le subtil incarnat - qu'il savait confectionner - d’une part et d’autre part que le livre présente en sa contexture la peau vive et veloutée du visage d’un enfant ; que les pages offertes à la lecture expriment en puissance l’incarnation et l’avènement.

© Photo Thierry DEMANGE - Lever de lune
L’ombre la plus essentielle ne réside pas forcément dans l’obscurité profonde ou les ténèbres épaisses. Certaines opacités - invisibles pour les yeux - peuvent être enchâssées dans le lacs d'un regard.  L'ombre, sertie dans les griffes de la lumière, ne se révèle alors qu'aux abords de l'original, aux seuils… ou sur les rives d'un lac, un beau soir de clair de lune.

Les clichés de lever de lune ont été réalisés par Thierry DEMANGE.

Lyon, le 25 juillet 2010 – Commencer et recommencer, sans cesse…

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Velominibus !
jjancel's images
Les 2, 3, 4 juillet se sont déroulés au Parc de la Tête d’or (à Lyon) les DIALOGUES EN HUMANITE. Au cours de ces trois jours, l’on expose, l'on expérimente, l’on débat et l'on festoie, parfois avec humour, mais toujours avec le souci de faire correspondre l’humanité en question et les questions relative au politique.
C’est un événement ouvert à tous, durant lequel chacun peut écouter les murmures du monde ou prendre la parole. S’y expriment, outre les personnes exerçant des responsabilités politiques, des créateurs, des soignants, des spirituels, des bâtisseurs…, de toutes origines et de tous âges, petits ou élites, dont quelques nobélisés…

 Bablu Ganguly, leur interprète, Mary Vattamattam
Au parc de la Tête d'or, le 5 juillet 2010
Dimanche, je suis allée écouter le récit à deux voix de bâtisseurs - Mary Vattamattam et Bablu Ganguly - venus d’Anantapur (district de l’Andhra Pradesh) au sud de l’Inde.
A l’ombre des grands arbres du parc, ils nous ont raconté comment, jeunes époux, ils ont acquis quelques hectares d’une terre, dévastée par la sécheresse, qu’ils ont entrepris de faire revivre.
Ce qui a déclenché ce désir ? Le souhait de vivre une vie enrichissante main dans la main avec la nature.

Bienvenue à Timbaktu
Photo website de Timbaktu
C’est ainsi qu’a vu le jour « Là où la terre rencontre le ciel », TIMBAKTU (en langue télougou). Au commencement donc ce simple souhait : se rapprocher de la terre et l’aider à se régénérer.

Engrais vert
Photo website de Timbaktu
L’on se mit au travail. Avec la contribution de villageois voisins, des équipements de captation d’eau furent bâtis et le secteur reboisé en employant des méthodes de l’agriculture biologique, de sorte de favoriser des styles de vie alternatifs portant en eux des germes de vie. La forêt grandit et l’on vit revenir les oiseaux, les serpents et les papillons…

Formation à la vente
Photo website de Timbaktu
Le projet s’étendit. Des centaines, puis des milliers de personnes rejoignirent cette cellule de vie et la développèrent. TIMBAKTU COLLECTIVE vit alors le jour. Ce fut un autre commencement, fondé non plus uniquement sur la culture du sol mais aussi sur les cultures des êtres humains venues de tous les horizons : leurs coutumes, leurs religions, leurs modèles sociaux...

Rencontre avec des responsables
des coopératives de micro-crédit
Photo website de Timbaktu
 Bâtir l’autonomisation juridique et financière des foyers, notamment des femmes vivant seules, des orphelins et des personnes handicapées, et plus largement résoudre les problèmes de droit et de gouvernement devint la priorité, si bien que « Là où la terre rencontre le ciel » a changé peu à peu de visage.

Enfants à l'école de Timbaktu
Photo website de Timbaktu
 Aujourd’hui, fort d’une population d’environ 30 000 habitants et d’une équipe de 105 personnes qui travaillent dans une centaine de villages des cantons de Chennekothapalli, Roddam et Ramigiri, le collectif de Timbaktu fait face à un nouveau défi : le manque d’eau potable. Le niveau des nappes phréatiques est devenu si bas que les eaux possèdent un taux de minéralisation, notamment en fluor, impropre à la consommation. Les enfants, dont les dents et les articulations pâtissent, en souffrent déjà.

Réserve de graines à Timbaktu
Photo website Timbaktu
  De sorte que Mary et Bablu ont repris le chemin pour chercher de nouveaux partenaires, en occident cette fois. Leurs requêtes ? Des ressources - compétences (dont des ingénieurs hydrauliciens, des pédagogues, des soignants…), finances et soins – pour solutionner, ou au moins traiter toute la chaîne de problèmes causés par le manque d’eau.

 En nous invitant, nous occidentaux, à contribuer à leur projet, Mary et Bablu préparent un nouveau commencement : puisse-t-il voir le jour, pour leur peuple naturellement, mais aussi de façon que « Là où la terre rencontre le ciel » englobe dans son rayonnement notre vieux monde… Peut-être cette visite sera-t-elle ainsi la chance de nouveaux commencements, permettant à chacunes de nos cultures – orientales et occidentales - de se régénérer et de se féconder réciproquement ?

 En attendant, je relaye leurs voix. Voici leurs coordonnées :
 Site Internet : http://www.timbaktu.org/
 Mail : timbaktu.collective@gmail.com
 Pour les non anglophones, il est possible de « prendre langue » avec Timbaktu par l’intermédiaire d’Anne-Marie LE MOING (agronome), francophone et hispanophone, dont voici le mail : analimon47@gmail.com

Lyon, le 7 juillet 2010 – Commencer à… la flamme d’une chandelle

Georges de la Tour : L'apparition de l'ange à Joseph
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Coïncidence ! Lundi, le 28 juin, en allumant la radio, voici que je suis accueillie par ces mots :
« Jadis, en un jadis par les rêves eux-mêmes oublié,
la flamme d’une chandelle faisait penser les sages :
elle donnait mille songes au philosophe solitaire.
Sur la table du philosophe,
à côté des objets prisonniers dans leur forme,
à côté des livres qui instruisent lentement,
la flamme de la chandelle appelait des pensées sans mesure,
suscitait des images sans limite. »
De la main de Gaston BACHELARD, ils sont tirés d’un opuscule intitulé :
La flamme d’une chandelle ! 

Georges de la Tour :
Saint Joseph charpentier

Gaston BACHELARD, le philosophe poète…

Il ne m’en a pas fallu plus pour aller relire La flamme d’une chandelle et rechercher des images de peintures de Georges de la TOUR.

Rien de flatteur dans cette peinture - ni brillance technique, ni accumulation d’objets ou de motifs décoratifs, ni envolées lyriques ou mélancolies romantiques - seulement de la simplicité.
Georges de la Tour :
La Madeleine à la veilleuse
  
Cette économie de moyens et de couleurs,
assortie de constructions qui confinent au dépouillement,
porte au silence, à la méditation :
de larges plages inoccupées, quelques figures,
de rares objets et, reine,
la lumière chaude et mystérieuse
qui se joue de l'ombre…
Georges de la Tour : L'adoration des bergers


« Pont de feu entre réel et irréel
Co-existence à tout instant
De l’être et du non-être »
Roger ASSELINEAU, Flamme, in Poésies incomplètes


Georges de la Tour : détail
(Madeleine)







« La flamme est un feu humide »
[...] le lecteur des Pensées de JOUBERT se plaît aussi à imaginer.
Il voit cette flamme humide,
ce liquide ardent, couler vers le haut,
vers le ciel,
comme un ruisseau vertical. »
Gaston BACHELARD, La flamme d’une chandelle


Flamme, lumière d’encre  
 Des commencements    
   Aux seuils            
      Fluide              
         Naissance, ô mort… 
                                           © Michèle Rodet



Lyon, le 23 juin 2010 – Le point de vue du photographe Attila DURAK

Photos ©Attila DURAK - Ebru
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L’exposition de photos d’Attila DURAK intitulée Ebru – papier marbré - invite à découvrir les peuples de Turquie et d'Anatolie. Durant 6 ans, Attila DURAK est allé par monts et par vaux, par villes, villages et campements, photographiant les visages, les personnes, les groupes et mettant en lumière la diversité culturelle de ces régions, de sorte que défilent sous nos yeux des sujets turcs, kurdes, arméniens, juifs, grecs, lazes, zazas, pontiques, géorgiens, roms, yézidis, pomaks...


Photo ©Attila DURAK - Ebru

De son regard sur le monde, profond et haut en couleurs, des regards qui nous fixent en retour, de la démarche qui a présidé à l’accrochage des photos, se dégagent Ebru - le papier marbré - et au-delà de la métaphore, un manifeste “vivre ensemble” dans le respect et la confiance...


Photo ©Attila DURAK - Ebru
Clichés ©Anne-Laure QUIVIGER
Le montage de ces regards – qui pour la plupart ne se dérobent pas – et de ces situations créent des relations, des angles, des face à face et des points de vue impressionnants, inattendus, portant à la reflexion. 

Touchée, je me suis prise à rêver : comment faire pour que la peinture de son pays que nous offre Attila DURAK puisse durer et se répandre par-delà les frontières…?

Cette exposition a été organisée par la Bibliothèque de la Part-Dieu, à Lyon. Les photos, accompagnées de textes et de musiques, ont donné lieu à un recueil – Ebru (Editions Metis, Istanbul, 2007) - dont la version française est éditée chez Actes Sud.

Les clichés disposés dans ce billet ont été réalisés par Anne-Laure QUIVIGER, passionnée de photographie.