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Lyon, le 17 juillet 2011 - Départs en chaîne
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Il est, aux confins de l’Amérique du Nord, une bande de terre nommée Lapunie, dont on raconte mille légendes. Bien qu’elle fût aujourd’hui désertée, j’ai rarement vu contrée qui suscitât autant de contes.
J’ai entendu nombre d’entre eux avant de la traverser, mais la seule autochtone que j’y ai rencontrée ne communiquait que par signes. Aujourd’hui encore, je suis bouleversée par cette rencontre.

La Lapunie, couverte de neige neuf mois sur douze, est traversée au pas de charge par des troupeaux de rennes qui n’y trouvent ni obstacles, ni pitance. L’hiver, quelques ours blancs viennent pêcher au bord du Lac Usée, dont l’eau, douce et poissonneuse, demeure accessible même durant les grands froids. En effet, le lac est alimenté par des résurgences d’eau chaudes, si bien que le gel est tenu à distance sur une demi-lieue à l’entour et que des voiles de brumes enveloppent, matin et soir, le vallon sur les pentes duquel s’accrochent des sapins et de maigres feuillus.

C’est là que, raconte-t-on, La Punie vint se réfugier aux jours de son exil...
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Lyon, le 5 mai 2011 - Invitation aux SCENES DE MENAGE de Thizy

      

Des couvertures, des serpillières, des molletons,  
des fils, des pièces de métiers à tisser,
comme vous ne les aviez jamais imaginées…

Elles sont devenues matières à création pour une vingtaine d’artistes, heureuses d’exposer à l’ancienne Manufacture de Thizy.

L’équipe de l’Ecomusée
    vous invite à découvrir 
        leurs œuvres  
          le 14 mai prochain
           à l’occasion
           de l’inauguration
         de l’exposition.

    Un carton d’invitation est joint à ce message 

Avec nos meilleures salutations,

                                      L’équipe de l’Ecomusée
                       La Manufacture - Marnand - 69240 THIZY
                     04 74 64 06 48 - lucie.diondet@ccpat.org

                                        

Lyon, le 28 avril 2011 - Mystère et floraisons

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La poésie détient ceci de particulier qu’elle décoche au langage des flèches de mystère. Elles surviennent de la même façon que les fleurs apparaissent aux branches des arbres : sans que nulle main d’homme n’intervienne. La poésie comme une branche d’arbre à laquelle advient floraisons ? C'est-à-dire événements vivants ?

Oui, vivants ! Que la fleur soit un vivant, nous le savons à ceci : nous cueillons une branche fleurie ? En quelques jours à peine, les fleurs perdent leur éclat, se fanent et meurent. Incapables sommes-nous, malheureux humains, de leurs rendre la vie ; c’est que nous ne sommes pas des dieux ! Nous laissons la branche fleurie sur son arbre ? Alors leurs pétales se développent puis s’envolent, à l’heure fixée par le ciel, leur cœur se transforme en fruit, le fruit se donne - ou tombe -, nous nourrit ou offre ses graines à la terre de sorte d’engendrer, peut-être, d’autres arbres…
 
Ainsi vivantes, la poésie et la création artistique ? Vivantes les pointes de mystères que les poètes enchâssent dans leurs textes. Comme des fleurs sur une branche, mais invisibles, disséminées au fil des mots, en « négatif »... Ceci n’est la conséquence ni de postures, ni d’impostures. C’est qu’il est tout simplement impossible à un humain de parler la langue des dieux. Tous ceux qui écrivent ou créent l’expérimentent : un coup d’œil ou d’oreille - dépourvu de la moindre intention - et les voici « inséminés » ou, pour le dire avec élégance, inspirés par Hermès, Mercure ou quelque Muse qui passait justement par là !

Qui connaît les secrets de la nature sait que pour déplacer un végétal de manière à préserver sa vie, il convient de veiller à ses racines, à ce qui contient sa vie en puissance, à sa puissance de vie. Est-ce à dire que les poètes ont, comme les jardiniers, une science des racines ? Certainement. Mais une science propre, intime, forgée au feu de tout ce qui les rattache à la vie depuis les origines.



Point de système, donc, dans la création - surtout pas de système, de process, ni de modélisation ! - mais la rencontre hic et nunc entre des présences ouvertes à des perspectives et à la mise en jeu de correspondances à travers d’infinies conjugaisons...




Lyon, le 4 avril 2011 - Haïkus

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Fleurs envoûtantes -    
Votre quiétude touffue    
couvre mes ombres   

 © Michèle Rodet     
 







 
  Grain exotique -
  Au Café des Négociants
  pluie de pétales !

    © Michèle Rodet



 


   

Lyon, le 24 mars 2011 - Clair-obscur aigu-émoussé

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A cause de je ne sais quel funeste sort, les français craignent les figures de style de leur propre langue. Il est vrai que certains mots, avec leur consonance bizarre et leur orthographe invraisemblable, ne simplifie pas la tâche de qui veut mettre les mains dans le cambouis !

Ainsi en est-il de l’oxymore, la figure de style qui rassemble, en une seule expression, deux termes de sens contraire. Des exemples ?
"Cette obscure clarté qui tombe des étoiles…" Pierre Corneille, Le Cid.
"Ma seule Étoile est morte, - et mon luth constellé porte le Soleil noir de la Mélancolie" - Les Chimères, de Gérard de Nerval ; des expressions aussi, passées dans la langue commune telles qu’un silence assourdissant, un jeune vieillard et naturellement, un clair-obscur.
Le mot oxymore a été composé à partir de deux termes grecs : oxy- et -more.
Oxy- vient d’oxus et signifie « aigu, c. à d. pointu, tranchant ; d’où, en parlant de sensations : piquant, aigre, acide ; aigu (voix, cri), perçant (vue, regard) ; en parlant de l’intelligence : fin, pénétrant, vif, rapide ».
-More vient de môros et signifie « émoussé, hébété, d’où au moral sot, fou, insensé ».
Le mot oxymore signifie donc littéralement « aigu-émoussé, fin-sot, pénétrant-hébété… ». Il est donc lui-même un oxymore !

Quand un oxymore se présente dans un texte, il surprend et déstabilise : la langue perd de sa clarté, le sens de la phrase se dissout et le lecteur attentif s’arrête. Car l’oxymore conduit le langage à une extrémité : dire et dédire en un seul mouvement. C’est qu’il s’agit pour lui non de produire du sens en surplus, mais au contraire de l’évider, de le creuser ; l'oxymore signale la présence d'un abîme, indéfini mais bordé, comme le ferait un pont jeté par-dessus un gouffre pour le franchir.

Ainsi, dans le même temps que la signification se dérobe, une porte s’ouvre sur une autre scène - un seuil se dégage entre deux - et un troisième espace apparaît qui, n’étant pas visible, ne pouvait se déployer dans le courant du texte.
Ce troisième espace est désigné en creux, en négatif, pour informer le lecteur que le dit-lieu est compté : il existe, puissamment. Le lecteur renvoyé à ses propres réflexions est alors invité à développer ses pensées et à les laisser filer dans le courant du texte. C'est que le Destin qui noue ses rets par-dessus nos têtes ou les remous obscurs, cycliques et labyrinthiques de nos âmes sont affaires de chacun.

Fac simile de Georges de la TOUR - (Le Louvre)
Éducation de la vierge
Clair-obscur est donc un oxymore. Ce fut aussi, en peinture, l'expression d'une révolution qui introduisit un déplacement radical dans la conception de la lumière.
L'expression clair-obscur, en passant dans le langage commun, a été roulé comme un galet dans le cours tumultueux d’un torrent : elle a perdu de son tranchant et de ses qualités subversives. 
Cependant, bien que l’aiguillon soit émoussé, elle n’en introduit pas moins à des chambres noires, des champs obscurs, des fonds ténébreux ou de sombres scènes…
Les mots passent et leurs vertus, les mystères demeurent - inusables, inépuisables, insondables - et leur piquant, et le désir aigu qu’ils suscitent d’être pénétrés… mais aussi formés, déformés, reformés… et représentés !


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Lyon, le 6 mars 2011 - Clair-obscur

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                      Naître de l’ombre
                                  du feu des couleurs de l’air…
                      Que de matrices !                                     
                                  © Michèle Rodet


Naître de l'ombre du feu
Des couleurs de l'air...
Que de matrices !
                                             Naître de l'ombre du feu des couleurs de l'air...
                                     Quelle matrice !
                  Naître de l'ombre
                  Du feu
                  Des couleurs                                 Naître de l'ombre du feu
                  De l'air...                                                             des couleurs
                  Que de matrices !                                                 de l'air...
                                                                    Que de matrices !
                                  Naître de l'ombre
                                          Du feu des couleurs
                                          De l'air...
                                          Que de matrices !


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Lyon, le 6 février 2011 - Exposition : prolongation !

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© Michèle Rodet : Châlheur - Soie incarnat crochetée,
montée sur baguette de bois - par dessous, tapis afghan !


L'exposition de quelques-unes de mes oeuvres au Golshane est prolongée jusqu'à la fin février 2011.

Je peux ainsi présenter un peu de mon oeuvre et rencontrer les personnes qui, d'une façon ou d'une autre, s'intéressent à mon travail.




C'est aussi pour tout un chacun la possibilité de me rencontrer. Alors, si vous le souhaitez, contactez-moi et nous conviendrons d'un rendez-vous.

Le GOLSHANE - est situé au pied de la Croix-Rousse, au coeur de Lyon, à deux pas des Terreaux : 126, montée de la Grande-Côte dans le 1er arrondissement.


Golshane signifie en persan : Jardin de Roses.