Lyon, le 3 août 2011 - Ce qui arrive maintenant...
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Enfant, tu baignais
dans le temps…
c’était une évidence !
pour toi, il coulait de source
fluide
comme l’air ou la lumière
il te vêtait
fluide
comme l’air ou la lumière
il te vêtait
de son sourire
et tu te confiais
à ses songes
sans même y penser
pas d’hier ni de demain
alors
simplement
ce qui arrive
maintenant
quand est venue
l’époque
des chiffres, des horloges
des lettres, des montres,
le temps s’est hérissé
d’aiguilles, d’échardes, de lames…
déchirer, fracturer, séparer,
retrancher
contraindre ta chair
le temps t’a blessé
tu as souffert
de ce fait
alors a commencé
un ballet
de ruses, pièges,
chausse-trappes,
oubliettes et autres vacances
pour panser tes blessures
parer aux assauts du temps
oblitérer ses voies
lui faire un sort
oublier sa face de Gorgone
mais comme depuis toujours
l’humain se joue de lui
le temps sait…
il te connaît bien
l’humain, lui, méconnaît
le temps
il l’a perdu,
perdu de vue,
a oublié
jusqu’à ses enfantements
alors le temps
pour se rappeler
à ton bon souvenir
a inventé
l’accident
aux jours du destin
de contempler sa face
mais ne te méprends pas :
si c’est arrivé,
s’il te dévisage
ainsi
c’est qu’il te cherche
depuis toujours
il désire
que tu le regardes dans les yeux
quémande ce vis-à-vis
bien sûr
tu peux le fuir
encore
dans la folie ou le déni
le mettre en cause
encore
mais pourquoi
Tapisserie de Jean Lurçat (détail) |
encore
de mauvaises intentions ?
ne fut-il pas
celui par qui
tu as vu le jour ?
la source de la lumière ?
le fil de tes songes ?
le ventre de la terre ?
peut-être
veut-il
simplement
te présenter
au feu du ciel…
© Michèle Rodet