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Lyon, le 28 avril 2011 - Mystère et floraisons

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La poésie détient ceci de particulier qu’elle décoche au langage des flèches de mystère. Elles surviennent de la même façon que les fleurs apparaissent aux branches des arbres : sans que nulle main d’homme n’intervienne. La poésie comme une branche d’arbre à laquelle advient floraisons ? C'est-à-dire événements vivants ?

Oui, vivants ! Que la fleur soit un vivant, nous le savons à ceci : nous cueillons une branche fleurie ? En quelques jours à peine, les fleurs perdent leur éclat, se fanent et meurent. Incapables sommes-nous, malheureux humains, de leurs rendre la vie ; c’est que nous ne sommes pas des dieux ! Nous laissons la branche fleurie sur son arbre ? Alors leurs pétales se développent puis s’envolent, à l’heure fixée par le ciel, leur cœur se transforme en fruit, le fruit se donne - ou tombe -, nous nourrit ou offre ses graines à la terre de sorte d’engendrer, peut-être, d’autres arbres…
 
Ainsi vivantes, la poésie et la création artistique ? Vivantes les pointes de mystères que les poètes enchâssent dans leurs textes. Comme des fleurs sur une branche, mais invisibles, disséminées au fil des mots, en « négatif »... Ceci n’est la conséquence ni de postures, ni d’impostures. C’est qu’il est tout simplement impossible à un humain de parler la langue des dieux. Tous ceux qui écrivent ou créent l’expérimentent : un coup d’œil ou d’oreille - dépourvu de la moindre intention - et les voici « inséminés » ou, pour le dire avec élégance, inspirés par Hermès, Mercure ou quelque Muse qui passait justement par là !

Qui connaît les secrets de la nature sait que pour déplacer un végétal de manière à préserver sa vie, il convient de veiller à ses racines, à ce qui contient sa vie en puissance, à sa puissance de vie. Est-ce à dire que les poètes ont, comme les jardiniers, une science des racines ? Certainement. Mais une science propre, intime, forgée au feu de tout ce qui les rattache à la vie depuis les origines.



Point de système, donc, dans la création - surtout pas de système, de process, ni de modélisation ! - mais la rencontre hic et nunc entre des présences ouvertes à des perspectives et à la mise en jeu de correspondances à travers d’infinies conjugaisons...




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